Les couleurs de la création

Qui a dit que Nouméa était un désert culturel?
Durant les 3/4 de l'année, l'affirmation est valable, mais en ce moment on ne sait carrément plus où donner de la tête tant les sollicitations sont nombreuses et variées. Notez quand même qu'en nombre d'habitants, Nouméa, petite capitale francophone d'Océanie, compte la même population que Roubaix, cité pauvre, certes, mais qui a obtenu en 2001 le label Ville d'art et d'histoire. Et pour poursuivre les comparaisons, la même population que Toulon si on admet la banlieue!
Ah, évidemment, il ne faut pas se montrer fine bouche ni trop exigeant car à attendre de voir sortir au cinéma Le Cheval de Turin de Bela Tarr, on peut prendre racine et pourrir sur pied vu l'humidité ambiante... En effet, dans un rapport inverse aux précipitations, le cinéma de création est diffusé au compte goutte, à raison d'une fois par mois au centre d'art ou à l'occasion des festivals (ibérique, de La Foa, Reflets). Alors quand un film d'art et d'essai est programmé, même avec un an de retard par rapport à la métropole, on se rue avec avidité dans les salles!
Chaque soir donc, depuis la mi-juin, seules des échasses landaises pourraient nous permettre d'enjamber plus vite mangroves et baies afin de relier les différents lieux, car nous courons de galeries privées au Musée de la Nouvelle-Calédonie, de l'université au centre d'art, de la bibliothèque municipale à la Maison du livre, du cinéma au centre Tjibaou les yeux rivés sur la montre. Tellement que le surmenage nous guette. Et que notre iris brille encore au matin des couleurs de la création.
"Et qu'est-ce qu'on voit tant?" me demanderez-vous curieux de notre ébouriffant microcosme.
Une conférence sur Patrick White, un vernissage d'estampes japonaises issues d'une collection privée, la diffusion d'un film fidgien, les poèmes d'Aimé Césaire en contrepoint des toiles de Wifredo Lam, etc, etc.
De cette offre hétéroclite, je retiens tout particulièrement trois moments forts:
- L'exposition thématique Ma maison est un jardin mettant en lumière des oeuvres du fonds d'art contemporain kanak et océanien mais aussi une réalisation organique de Nicolas Mole et Mariana Molteni.
- Les sonates pour piano de Scarlatti lors d'un concert classique donné par de jeunes prodiges coréens.
- Libre le chemin, l'excellent documentaire de Rodolphe Barry, consacré à l'écrivain Charles Juliet.
Mention spéciale au Méridien qui, dans la continuité d'autres grands hôtels internationaux, a ouvert des chambres au public afin d'y exposer pendant trois jours 60 représentants de l'art contemporain coréen. Une initiative originale si l'on fait abstraction de l'aspect commercial (à de rares exceptions près) des oeuvres sélectionnées.
Cf. les deux tableaux inclus dans cet article.

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