Tout ce qui brille n'est pas or


 


En métropole, les Journées du patrimoine durent deux jours. En Nouvelle-Calédonie, elles s'étendent sur un mois. 
Au regard de cette longue période, il s'avère difficile de manquer l'événement, sauf haine farouche pour la pierre, pour Stéphane Bern, pour le passé, pour l'Histoire, pour les quatre (c'est possible) ou torticolis sévère empêchant de tourner la tête en arrière. 
Dans le parc du Haut-Commissariat, nous avons regardé en haut, levant les yeux vers les ramures, les feuillages, les frondaisons, qui à leur manière constituent selon leur taille, autant d'abris, dais, tonnelles et chapiteaux frêles ou majestueux. 
Typiques du territoire ou importés, les arbres de ce jardin odorant initient au voyage et à la diversité : pin colonnaire, flamboyant, gaïac, banian, ylang-ylang, frangipanier, baobab (...).
La palme de l'arbre le plus étrange va de toute évidence au saucissonier originaire d'Afrique, avec ses fruits qui pendent, vrais décalques des andouillettes. Et la palme de la légèreté est décernée au "cassia fistula" poétiquement rebaptisé "pluie d'or", "arbre de pluie dorée" ou "averse dorée" en raison de ses fleurs jaunes qui tombent en cascade. 
                                                                                           Dans la salle de réception, on retrouve l'or sur la grande table ronde autour de laquelle se sont assis plusieurs ministres et présidents français à l'invitation des hauts-commissaires, qui sont les représentants de l'Etat en Nouvelle-Calédonie.  
Les cartes des menus témoignent d'une cuisine locale : thon, mahi-mahi, crevettes, cerf, ambrévade, vanille de Lifou... "Attention, hypersalivation de mise" lance dans notre dos la chargée de la sécurité, en vertu de l'heure de notre visite. Effectivement... Quant à l'intendant qui accueillait le public, il s'étonne en off des questions récurrentes sur les appartements privés du haut-commissaire. Soulever le rideau ou essayer de voir à travers le trou de la serrure est pourtant une appétence universellement partagée. Secrets et mystères font les beaux jours des librairies, et des titres comme "Les hémorroïdes de Napoléon", "La garçonnière de la République" ou encore "Les testicules de Jeanne d'Arc" (non, je n'invente rien) en disent long sur ce goût pour les petites anecdotes, les événements minuscules, les coulisses, bref, pourl'Histoire ou l'actualité à travers le prisme de la petite lorgnette. La photo non publiée de Jacques Chirac dans le plus simple appareil sur un des balcons du fort de Brégançon n'a t-elle pas alimenté les conversations pendant tout un été ?
Quoi qu'il en soit, ces couverts dorés renvoient inévitablement au luxe, aux privilèges, à Carlos Ghosn (son somptueux anniversaire à Versailles) et aux WC en or massif 18 carats de l'artiste italien Maurizio Cattelan, symboles de la réussite, de la prospérité du self made man américain. Sauf que ces derniers ont été utilisés par le vulgum pecus avant d'être récemment... dérobés.

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