Fougères, vous avez dit fougères ?
"Que ne
suis-je la fougère,
Où, sur la fin d'un beau jour,
Se repose ma bergère (…)"
Ainsi
débute le poème Les Tendres Souhaits de Charles-Henri Ribouté mis en musique par Antoine Albanèse au XVIIIe
siècle.
A
l'évocation du siècle des Lumières, les amateurs d'arts décoratifs visualiseront les meubles en ébène
revêtus d'incrustations d'écaille et de cuivre, style que Boulle avait porté
jusqu'à la perfection. "Perfection" ?!! s'époumoneront de concert les
adeptes du design scandinave épuré et lisse qui habille
depuis plusieurs années les intérieurs contemporains. Mais ne nous énervons pas car le mobilier est une fausse piste (et la
colère aussi). Si j'ai choisi ces trois vers désuets comme entrée en matière,
c'est en fait pour parler de fougère et de plastique, et quand bien même ces
deux termes semblent aux antipodes l'un de l'autre. Des esprits vétilleux
ergoteront que tout comme il existe des sapins de Noël en PVC, il existe des
fougères artificielles, mais laissons les chicaner et entamons notre propos.
Depuis
les années 50, en passant par les années 90 avec le groupe franchouillard et
égrillard Elmer Food beat, on nous répétait à l'envi "le plastique, c'est
fantastique". Tant et si bien qu'on a fini par y croire.
Sauf qu'aujourd'hui le
slogan a changé, et même s'il sonne presque aussi bien (une syllabe de moins), il
fait moins rêver car l'adjectif qu'on lui accole est "tragique". Ou sa
variante synonyme dramatique.
En matière de pollution aux déchets plastiques, la
Nouvelle-Calédonie n'échappe pas à la règle, bouteilles, sacs, emballages, etc, abondent
de manière consternante au
bord des routes, au bord des rivières, sur les plages, sur les talus, dans les fossés, dans les mangroves, bref, partout.
bord des routes, au bord des rivières, sur les plages, sur les talus, dans les fossés, dans les mangroves, bref, partout.
Mais à Lifou (île paisible de 9700 habitants sur 1200 km2, à 95% kanak), la
société de consommation et du tout jetable cohabite avec la version locale traditionnelle
du "zéro déchet" popularisé par la blogueuse franco-américaine Béa
Johnson. Ainsi au marché de Wé, après avoir ingénument confondu de jeunes pieds
de plantes ornementales avec des salades et essuyé par conséquent un ban de
sourires moqueurs, nous avons ravalé notre honte et tenté de nous démarquer du
touriste pékin moyen de base en posant un acte assurément audacieux : acheter
des fougères à cuisiner ! Oui, un petit bouquet de jeunes pousses lustrées, recourbées,
emballées dans deux grandes feuilles et
enserrées d'une liane. A ce mot final, des images de jungle tropicale doivent logiquement apparaître devant vos yeux fatigués par l'éclairage LED et les écrans d'ordinateurs. Les plus cinéphiles verront même traverser Tarzan, le célèbre héros imaginé par Edgar Rice Burroughs... Quoi qu'il en soit, il faut reconnaitre qu'à l'heure de l'entrée en vigueur de l'interdiction des
enserrées d'une liane. A ce mot final, des images de jungle tropicale doivent logiquement apparaître devant vos yeux fatigués par l'éclairage LED et les écrans d'ordinateurs. Les plus cinéphiles verront même traverser Tarzan, le célèbre héros imaginé par Edgar Rice Burroughs... Quoi qu'il en soit, il faut reconnaitre qu'à l'heure de l'entrée en vigueur de l'interdiction des
durable, biodégradable et
renouvelable que ce joli bouquet vert (les photos en attestent).
La fougère dont il est question
ici s'appelle "Asplenium nidus" ou moins savamment "nid
d'oiseau", il s'agit d'une fougère épiphyte. Son nom en drehu est "pahatr"
(prononcez Pahatch). Elle se prépare et se consomme comme
des épinards et c'est assez savoureux.
Vous allez me
dire que les hommes consomment des crosses de fougères depuis la nuit des
temps. C'est vrai. Mais de nos jours, dans un élan vital vers la nature, les citadins redécouvrent la cuisine des fanes, la pratique de la cueillette tout comme ils se passionnent pour l'intelligence sociale du loup et la majesté de l'athlétique chat Bengal. Ce n'est donc pas un hasard si cet été, on assiste au grand retour de l'imprimé serpent
(ou léopard) , des sacs à dos camouflage et des bijoux coquillage pour un
look nature sauvage !
Feuilles de taro ou de ficus wassa, chou kanak, baselle, tiges de chouchoute, liseron d'eau, etc. , ici, dans le Pacifique, il existe de nombreuses variétés de feuilles comestibles.
Feuilles de taro ou de ficus wassa, chou kanak, baselle, tiges de chouchoute, liseron d'eau, etc. , ici, dans le Pacifique, il existe de nombreuses variétés de feuilles comestibles.
Et personnellement, je me dis qu'une feuille de fougère, ça peut
permettre de faire glisser l'équivalent en plastique (polypropylène et PET) d'une carte de
crédit (soit 5g) que l'on ingère quotidiennement…
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